Réponse au 4 pages de la CGT Imprimer
Écrit par Administrator   
Mardi, 23 Juin 2009 22:01
“Un an d'occupation de la Bourse du travail ! Et après ?” 

Sous ce titre a paru un tract de 4 pages (“à diffuser largement dans les arrondissements, aux militants, aux syndiqués, au collectif immigration, etc...”) de l'Ud-Cgt de Paris sur l'occupation que nous menons depuis plus d'un an déjà à la Bourse du travail.

Ce tract vise expressément à semer la division en notre sein, entre “initiateurs” et “occupants”, par exemple, ou entre sans-papiers et “individus” qui nous soutiendraient pour “surfer sur un mouvement lancé en dehors d'eux”. Il contient des affirmations erronées ou fausses, voire calomnieuses, comme les derniers mots rapportés. Il est donc nécessaire, malgré nous, et sans aucun esprit polémique, de balayer quelques-unes de ces affirmations, les principales. Ce qui nous permettra de conclure sur le fond du sujet.

Il est dit que “cette opération globalement ne bénéficie d'aucun soutien associatif, syndical, politique”. Tout au contraire : nous avons acquis très vite la solidarité de la Fasti (Fédératrion des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés), et le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés) aussi nous a à plusieurs reprises manifesté son soutien, quoique nuancé ; des membres de Resf continuent de venir nous apporter leur soutien actif et quotidien ; des miltants syndicaux, de la Cgt notamment, sont à nos côtés ; des membres du Npa et des Verts continuent de participer à nos initiatives publiques. Sans oublier la contribution précieuse du Haut Conseil des Maliens de France.

Il est dit que “le but de ceux qui ont poussé à cette opération” était de poser “un problème sérieux à la Cgt” et d'“entraver l'activité des syndicats”. Tout au contraire, le but, maintes fois exprimé publiquement et dans des rencontres avec la Cgt avant et après l'occupation, (en particulier dans plusieurs réunions tripartirtes, CGT, CSP 75, Haut Conseil des Maliens), était dans la droite ligne de la nouveauté de l'action cégétiste, de solliciter et d'obtenir son appui pour l'élargissement de cette ligne à tous les travailleurs sans-papiers, même ceux isolés, et non seulement à un petit nombre travaillant dans des entreprises avec représentation syndicale et choisis au crible de “la médiatisation de la grève” : c'est-à-dire pour l'élargissement à l'immense majorité des sans-papiers, attendu que tous travaillent, forcément, pour vivre et faire vivre leurs familles au pays.

Il est dit que “cette irruption du syndicat à côté des collectifs, des associations, a été vue aussi en termes de rivalité, de concurrence ; en tout cas, et cela ne fait aucun doute, pour la Csp 75”. Ce n'est pas à nous de parler pour les autres collectifs, mais pour ce qui est des 4 de la Csp 75, c'est le contraire qui est vrai. Ce qui nous distingue, et cela depuis l'occupation de Saint-Bernard en 1996, c'est justement notre collaboration avec les syndicats et notamment avec la Cgt. Nous avons participé activement au lancement du mouvement des grèves le 15 avril 2008. C'est lorsque la Cgt a refusé, les jours suivants, de prendre en charge aussi, dans ce mouvement, la revendication des travailleurs sans-papiers isolés, que nous avons pris là-dessus notre propre position, et c'est ce qui nous a poussés à occuper la Bourse du travail.

Une sorte d'anti-syndicalisme, alors, de la part de la Csp 75 ? Allons donc ! L'ensemble de nos positions et des raisons qui nous ont amenés à cette action ont été largement exposées et commentées dans les 12 numéros parus de notre journal, dont 2 expressément consacrés à “la question syndicale”. Dès octobre 2008, et aussi par la suite, notre journal a avancé des propositions visant à la constitution d'un “syndicat de sans-papiers”, intérieur à la Cgt si cette organisation syndicale le veut bien, et sinon autonome. Et c'est justement ce que vient de faire l'Ud-Cgt de Lyon ! (Voir n. 12 de notre journal.) Les faits sont là pour prouver justement le contraire de ce que veut faire accroire le tract en question.

Il est dit encore, à ce propos, que la Cgt intervient “sur ce dossier” (des travailleurs sans-papiers) “ès qualité en quelque sorte” (en tant que syndicat), et que “personne ne peut nous le contester”. Nous ne le contestons pas, tout au contraire. Ce que nous contestons, ce sont des comportements que nous avons eu l'occasion de qualifier de “colonialisme syndical” : la Cgt, comme toute autre organisation, syndicale ou non, ne peut pas prétendre venir imposer d'en haut sa volonté dans les luttes des travailleurs sans-papiers, sans avoir leur accord. Or, de même, personne ne peut contester que la Csp 75 est, sous cet angle, une des plus importantes réalités existant en France : nous aussi nous avons notre mot à dire “sur ce dossier”, toute légitimité à discuter ou contester les propositions des autres et à vouloir que nos propositions aussi soient prises en compte.

Nous n'avons jamais songé à contester la légitimité de l'action de la Cgt. Nous voulons en discuter les formes, l'ampleur, et les résultats. Car ces résultats, après plus d'un an, sont sous les yeux de tout le monde.

La “régularisation par le travail” (l'application du “fameux article 40”), personne ne peut plus nier qu'elle peut être une arme à double tranchant, et qu'elle est en train de devenir le véritable instrument de l'“immigration choisie”, dans la mesure où elle est en train, non pas d'être un critère à côté d'autres, mais de supplanter les autres critères : d'aboutir à des régularisations précaires, à la merci des patrons et des préfectures, pour remplacer les régularisations de longue durée sur la base de critères tels que “la vie familiale” et-cetera.

Il faut renverser cette tendance, voilà le fond du problème. Cela ne peut se faire qu'avec la participation la plus large, directe et commune, de tous les travailleurs sans-papiers aux décisions concernant les formes et le déroulement de leurs luttes. Nous ne sommes aucunement fermés aux propositions de la Cgt. Sans aucun doute, nous aussi nous voulons nous “en sortir”. Mais, “comment” ? Les propositions doivent être des propositions, et non des ultimatums : c'est-à-dire qu'elles doivent être faites pour être discutées, approuvées d'un commum accord, dans un esprit de collaboration et pour trouver une solution de “sortie” viable pour tout le monde, et surtout efficace, visant la régularisation de tous les travailleurs sans-papiers isolés de la Bourse du travail. Des propositions et non des provocations comme celles qui, par deux fois, ont conduit des responsables de l’Ud-Cgt à venir distribuer assez vigoureusement leur tract polémique aux sans-papiers de la Bourse. 

Paris, le 8 juin 2009 
 
 
 
 
 

A DIFFUSER LARGEMENT DANS LES ARRONDISSEMENTS, AUX MILITANTS, AUX SYNDIQUéS, etc...

Mis à jour ( Mardi, 23 Juin 2009 22:06 )