Fin de l'occupation... Nous sommes maintenant au 14 rue Baudelique dans le 18eme à Paris.
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Occupation de la Bourse du travail

Coordination 75 des sans-papiers (CSP75)

Tous les mercredi et vendredi, une manifestation au départ de la Bourse du travail en direction de la Préfecture de Police est organisée.

Venez soutenir les travailleurs sans-papiers isolés de la Bourse du travail !

Numéro 7
Numéro 7 - Courant syndicaliste révolutionnaire : amplifions les premières victoires syndicales des sans-papiers PDF Imprimer Envoyer
Index de l'article
Numéro 7
La question syndicale
Y en a marre du colonialisme syndical !
Régularisations CGT à Paris : des chiffres bien maigres !
Courant syndicaliste révolutionnaire : amplifions les premières victoires syndicales des sans-papiers
Documents : Attaques et ripostes
Un communiqué plus un appel non paru
Question de méthode : Un poids, deux mesures
Toutes les pages

 

Ce courant syndicaliste (CSR) a un site Internet, où il dit être présent « principalement au sein de la CGT mais aussi dans Solidaires (SUD), la CNT et la CGT-FO », et où il se présente

ainsi : « Notre organisation est principalement active dans les Unions Locales CGT et dans la jeunesse. Nous avons donc une forte proportion de camarades et de sympathisants précaires (intérimaires, CDD, emplois précaires du public). Nous arrivons d'autant mieux à organiser les jeunes travailleurs que nous défendons la création de syndicats d'industrie qui permettent de syndiquer les précaires et les travailleurs des petites entreprises. »

Ces syndicalistes majoritairement cégétistes ajoutent être « influents malgré [des] effectifs limités ». Pourquoi ? Parce qu'ils disposent « d' une véritable stratégie révolutionnaire reliée à une activité réelle de terrain », et qu'en même temps ils assurent

« la formation des syndiqués dans les confédérations où [leurs] militants ont des responsabilités dans ce domaine ». Parce qu'en cette activité de terrain et de formation ils prônent le principe qu'« il est indispensable de préparer les conditions d'une grève générale », et qu'ils y développent une « perspective révolutionnaire qui consiste à mettre en avant le syndicat comme le futur organe de gestion socialiste ».

Mais pas de n'importe quel syndicat, d'un syndicat par exemple à « créer de toutes pièces », c'est bien de la CGT qu'il s'agit. De la CGT et d'elle seule. Tant il est vrai que le CSR dresse le constat irrévocable de « l'échec de la CNT et de SUD ».

Puisque, « dans notre pays, le syndicalisme révolutionnaire est attaché à la CGT ». Une CGT, donc, où « la bataille interne ne peut être abandonnée » ; une CGT qu'il s'agirait donc de reconvertir, en faisant faire marche arrière à la roue de l'histoire et demi-tour à la CGT, pour la faire revenir à ses origines anarcho-syndicalistes (syndicalistes révolutionnaires) d'il y a plus d'un siècle, avant qu'elle ne devienne majoritairement socialiste, puis communiste.

Ce courant syndicaliste a publié sur son site, le 14 septembre dernier, un article sur le mouvement de grèves de sans-papiers que nous publions en entier, parce qu'il est intéressant à divers titres. Sans sous-estimer l'élément positif implicite dans leur expérience de lutte syndicale, si elle est telle qu'elle apparaît de leurs mots et de leur remarques, nous nous bornons ici à souligner l'élément négatif de leur texte, élément qui découle d'un choix de camp aprioriste. Ces nostalgiques d'une CGT qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était ne semblent voir de salut qu'à « l'intérieur », dans « la

bataille interne » à la CGT. Tout ce qui a l'air de s'y opposer de « l'extérieur » est donc, à leurs yeux, par nature malvenu et ennemi. On ne peut expliquer autrement ce texte dont

on ne trouve d'équivalent, en fait d'apologie du camp choisi (« un vrai succès », « l'action de la CGT a fait basculer le combat » vers le domaine véritable « de la lutte des classes »,

etc.) et de dénigrement du camp prétendument adverse (camp « manipulé par les autorités » et « influencé par l'extrême gauche », etc.), pas même dans les déclarations les plus démagogiques de la direction confédérale.

Ce qu'ils disent des travailleurs sans-papiers isolés montre clairement que, ou bien ils sont d'une mauvaise foi insigne, ou bien ils en parlent comme un aveugle des couleurs. Il

est vraisemblable qu'il ne s'agisse que de la seconde alternative. Aussi nous offrons à nos lecteurs leur texte comme un exemple paradigmatique de ce à quoi peut amener un jugement aprioriste, non fondé sur la connaissance du réel.

En même temps, comme ces syndicalistes se disent « révolutionnaires » et qu'ils conviendront donc facilement que « seule la vérité est révolutionnaire », nous les invitons à venir toucher du doigt, à venir à la Bourse du travail se confronter aux travailleurs sans-papiers isolés qui l'occupent.

Depuis le 15 avril, des milliers de travailleurs sans-papiers sont entrés en lutte. Cette mobilisation est un coup important porté à la bourgeoisie française mais aussi à la politique de l'Union Européenne. Car la grève menée par la CGT française remet en cause la politique d'immigration du patronat européen.

Le 15 avril la CGT de la région parisienne a lancé, de façon coordonnée, une grève

dans 20 entreprises : du nettoyage, du bâtiment, de la restauration, de ramassage

d'ordures, de jardinage, des usines agro-alimentaires, des agences d'intérim… Cette

mobilisation avait été préparée de longue date.

Depuis deux ans, plusieurs unions locales CGT avaient organisé des grèves avec des travailleurs sans-papiers. Ceux-ci demandaient leur régularisation. Suite à ces mobilisations victorieuses, des centaines de travailleurs, souvent issus d'Afrique

Noire, avaient contacté la CGT . En 2007, le gouvernement français publie une circulaire

qui oblige les patrons à vérifier auprès de la préfecture la validité des papiers de leurs salariés immigrés. Suite à cette procédure, des milliers de travailleurs vont être licenciés et d'autres plus nombreux encore sont menacés. La grève va donc être une réponse collective à cette politique.

Le 15 avril, 20 entreprises sont donc occupées. Les grévistes sont soutenus par leurs

camarades licenciés mais aussi par des salariés sans-papiers isolés d'autres entreprises. Cette mobilisation est possible car les Unions Locales de la CGT ont mobilisé leurs militants au niveau local. Immédiatement les occupations s'accompagnent d'activités de solidarité et de la popularisation de la lutte. L'objectif de la CGT est de montrer par la

grève que de nombreuses entreprises françaises fonctionnent grâce à de la main d'oeuvre sans-papiers. Sans ces travailleurs l'économie du pays serait désorganisée.

Cette tactique permet de combattre la bourgeoisie sur le terrain économique. Mais elle permet aussi de montrer à l'ensemble des salariés et à la population française que les sans-papiers ne sont pas des « profiteurs » , des « parasites » qui viendraient en France piller la protection sociale.

Au contraire, cette grève permet de souligner que beaucoup de travailleurs sans-papiers

paient leurs cotisations sociales et des impôts (sur le revenu et la TVA ). Cette tactique remporte immédiatement un vrai succès. De récents sondages démontrent qu'une large majorité de la population soutient cette grève et demande la régularisation de ces travailleurs. L'action de la CGT a fait basculer le combat du domaine humaniste vers celui de la lutte des classes.

 

LES FAIBLESSES DU MOUVEMENT

 

Le gouvernement a dû rapidement réagir. Il a essayé de diviser le mouvement par

plusieurs moyens. Il a tout d'abord tenté de n'engager des procédures de régularisation

que de manière individuelle. Lorsque 20 travailleurs étaient en grève, seulement une dizaine recevaient un récépissé. Sur tous les sites en lutte, la CGT a décidé de maintenir la grève jusqu'à ce que tous les travailleurs bénéficient d'une procédure de régularisation. Les préfectures de la région parisienne, dans chaque département,

ont également essayé de diviser les sites en grève afin d'isoler les grévistes et de gagner du temps pour les décourager.

Le 20 mai, la CGT choisit alors de lancer une seconde vague de grève avec 30 nouvelles entreprises ciblées. Depuis le 15 avril, ce sont des milliers de travailleurs sans-papiers qui ont contacté la CGT afin de participer au mouvement. De sections syndicales se constituent et apparaissent publiquement dès le lancement de la grève. En juin un meeting de masse est organisé à Paris avec plus de 1500 travailleurs sans-papiers alors que beaucoup de leurs camarades occupent les entreprises en même temps. L'objectif est de populariser le mouvement mais aussi de maintenir les sections syndicales et les isolés unis.

Le gouvernement a également tenté de dresser les anciens collectifs de sans-papiers contre la CGT , en faisant croire que c'était la CGT qui décidait des régularisations. Ces

collectifs, souvent influencés par l'extrême gauche, ont été manipulés par les autorités

et n'ont rien trouvé de mieux que d'aller occuper la Bourse du travail de Paris afin de

faire pression sur la CGT .

Les responsables de l'organisation syndicale ont été parfois maladroits sur ce dossier

mais il est très difficile de structurer 50 grèves avec occupation, en permanence et cela

pendant plus de deux mois. Il était donc très difficile pour les organisations CGT de

structurer en parallèle la mobilisation de milliers de travailleurs isolés dans de petites

entreprises sans présence syndicale. Le choix de la grève par vague répondait donc

à la réalité du terrain.

D'ailleurs la mobilisation des travailleurs isolés a commencé avec des actions menées

par les travailleuses salariées dans le secteur de l'aide à la personne : elles s'occupent des personnes âgées et des enfants. La direction de la CGT auraient dû contacter rapidement tous les collectifs de sans-papiers, même si ces derniers sont souvent sectaires et hostiles les uns par rapport aux autres. Le travail unitaire n'a donc pas été systématique mais il avance dans le bon sens.

 

RENFORCER LE SYNDICALISME DE CLASSE

 

Mais la lutte syndicale marque aussi une rupture avec les précédentes mobilisations. Depuis des années la lutte des travailleurs immigrés passe par des collectifs isolés, divisés, soutenus par certains syndicats et associations mais sous une forme paternaliste. Avec cette mobilisation syndicale les travailleurs sans-papiers rejoignent les syndicats et deviennent de vrais acteurs de cette lutte. Ils sont désormais des membres de la CGT qui militent aux côtés des autres travailleurs, aux côtés de leurs camarades avec les mêmes droits que n'importe quel syndiqué. Mais cette mobilisation a également eu des conséquences très positives sur le mouvement syndical. Elle a démontré l'importance des Unions Locales afin de syndiquer les travailleurs précaires et des petites entreprises. Les autres organisations syndicales n'ont pas été en capacité de fournir les

mêmes outils de lutte. SUD et la CNT ont soutenu quelques grèves mais leur faible

structuration interprofessionnelle ne leur permettait pas d'organiser les travailleurs

sans-papiers.

Cette mobilisation a surtout été impulsée par des militants de classe. Lorsque la

direction nationale de la CGT a tenté de freiner la mobilisation, la majorité des UL

et UD ont au contraire appelé à organiser l'extension du mouvement. Cela a démontré

qu'il est possible de faire basculer la CGT lorsque les structures interprofessionnelles

se battent dans ce sens, lorsque les militants font respecter le fédéralisme présent

dans les statuts confédéraux. Des militants des syndicats « alternatifs » (SUD et CNT ) ainsi que de nombreux jeunes ont été impressionnés par la mobilisation de la CGT . Cela est un facteur important pour rapprocher tous les syndicalistes de classe dans la perspective d'une CGT réunifiée.

Les militants du CSR ont été très actifs dans cette mobilisation. Depuis des années nous appelions les syndicats et les UL à organiser les travailleurs immigrés.

Aujourd'hui notre stratégie se trouve donc crédibilisée. Mais nous continuons de

mener le débat afin de reconstruire des syndicats d'industrie là où ils n'existent

plus. Beaucoup de syndicats CGT sont des syndicats d'entreprise. Nos militants poussent

afin que ces syndicats fusionnent, ce qui permet ensuite de regrouper tous les travailleurs d'une même industrie : salariés des petites entreprises, précaires, jeunes en

formation, retraités, intérimaires mais aussi les travailleurs sans-papiers. Dans plusieurs villes de tels syndicats d'industrie nous ont permis d'organiser directement les travailleurs sans-papiers avec leurs camarades titulaires.

 

LES PERSPECTIVES

Suite à la mobilisation en région parisienne, des milliers de travailleurs sans-papiers

ont contacté la CGT en province. Des luttes s'organisent avec manifestations, des collectifs CGT et des commissions immigration se réorganisent dans beaucoup d'Unions Départementales.

Après plus de 3 mois de luttes, les grévistes de la première vague sont pratiquement

tous en cours de régularisation. La grève se maintient dans une vingtaine d'entreprises.

La CGT prépare une troisième vague de grève, élargie à la province afin de renforcer

le rapport de forces. Cette première victoire a en effet donné confiance et elle crédibilise la perspective de généralisation des régularisations à tous les travailleurs sans-papiers.

La CGT a enfin retrouvé ces modes d'organisation et d'action tels qu'ils existaient à l'époque de la Charte d'Amiens [de 1906]. Il faut continuer dans ce sens. Les Comités Syndicalistes Révolutionnaires appellent tous les syndicalistes à rejoindre cette lutte et à renforcer les syndicats d'industrie et les Unions Locales afin de pouvoir organiser les travailleurs sans-papiers.

 

 
 
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